Albert Spano et Élodie Gossuin ont pu interviewer Mylène.
La retranscription a eu lieu ce matin dans Le meilleur des réveils de RFM. Même si l’entretien est cours, il est toujours agréable de pouvoir entendre la chanteuse s’exprimer sur son travail. On y apprend, d’ailleurs, qu’un concert « intimiste » n’est pas à l’ordre du jour. Mylène a encore le souhait de faire du grand, de l’immensité et que pour l’instant, elle a encore besoin de ce vertige.

« je me suis amusée
dans tout l'album…
J'ai fait des petis clins d'œil
comme ça pour les personnes qui
m'ont suivie depuis tant d'années.»
_ Mylène Farmer, Le meilleur des réveils (RFM), le 01 octobre 2018.
Albert Spano : Mylène Farmer, bonjour. Comment ça va ?
Mylène Farmer : Ça va bien, merci.
A.S. : Est-ce qu’avec la sortie d’un album et probablement d’autres choses dont on va parler, il y a une petite tension, un petit stress. Est-ce que ça va vraiment ou est-ce qu’il y a une pointe d’excitation ?
M.F. : Je crois que c’est un peu tout mélangé. Beaucoup beaucoup d’angoisse avant la sortie de l’album, et je crois que c’est normal. Angoisse partagée avec Feder, et puis les deux autres protagonistes. Mais, maintenant, un soulagement parce que je pense déceler un accueil qui est assez incroyable pour moi.
A.S. : On va parler de l’album. On va parler également de la surprise que vous faites à vos fans dont vous avez parlé au JT de TF1 dimanche soir. Moi, j’avais une petite question qui n’est pas du tout personnelle mais finalement, est-ce que vous êtes devenue l’artiste que vous vouliez être il y a quelques années ?
M.F. : C’est une question difficile. J’ai toujours souhaité faire ce métier. J’ai toujours voulu me différencier de… j’allais dire de la masse, ce n’est pas un très très joli mot mais, en tout cas faire quelque chose qui était unique. Que vous dire…
A.S. : Du coup, ça l’est ! Quand même !
M.F. : Et c’est un métier qui est incroyable. J’ai la chance de faire ce métier depuis si longtemps et d’avoir un public qui est fidèle et qui est exigeant. C’est une chance.
Élodie Gossuin : Désobéissance, votre onzième album studio, ce n’est pas un simple album. Sur cet album, il y a douze titres, des textes très forts dont un poème de Baudelaire. Combien de temps pour réaliser, pour voir se concrétiser un album comme celui-ci et à quel moment a été le déclic ?
M.F. : Écoutez, j’ai un petit peu de mal avec les mathématiques et le temps en général mais il me semble que j’ai commencé il y a à peu près un an à travailler sur cet album. J’ai eu le souhait de rencontrer Feder. Je connaissais son univers et j’avais donc très très envie de le rencontrer et de partager quelque chose avec lui. Et nous avons commencé par Rolling Stone. Puis, je suis venue dans son studio, et j’ai découvert quelqu’un de… je suis rentrée dans un laboratoire, en fait. C’est quelqu’un qui travaille énormément, c’est quelqu’un qui avait un très très grand respect pour le public qui, jusqu’à présent m’a suivie, et qui avait envie de m’accompagner, de ne pas trahir ce public, justement. Et nous avons confronté, si je puis dire, en tout cas confronter nos deux univers, et on s’est aperçus que nous avions finalement beaucoup beaucoup de points communs. Et il m’a apporté énormément de choses sur cet album. Il a écrit sept titres. J’ai été également accompagnée par LP qui a écrit deux titres avec un autre compositeur, N’oublie pas et puis Des Larmes, qui a apporté une sonorité américaine groovante. Et puis, un troisième compositeur qui est tout jeune, qui s’appelle Léon, Léon Deutschmann, et qui lui a 21 ans, je crois, et qui lui, vient plus d’une formation classique. Et j’ai découvert un mélomane incroyable. J’ai eu beaucoup de chance car ce sont trois univers très très différents, et à la fois, le pari était de faire quelque chose d’homogène, si je puis dire.
A.S. : C’est important pour une artiste confirmée comme vous de savoir bien s’entourer ?
M.F. : C’est fondamental. On peut faire de bons choix, de mauvais choix. J’espère et je pense avoir un peu d’instinct. Et puis j’ai la chance d’avoir des personnes, des artistes qui répondent : « oui » à une aventure.
E.G. : Désobéissance, c’est votre troisième single, le troisième single issu de cet album qui s’appelle aussi Désobéissance. Mais est-ce qu’au final, désobéir ce n’est pas ce qui vous anime depuis toujours ?
M.F. : Je pense désobéir, dans le fond, depuis longtemps. Fuir tous les diktats. Je m’ennuie, je m’enuie facilement. Je m’enuie aussi de moi-même, en toute humilité (rire). Mais c’est vrai que l’uniformité de gens m’ennuie énormément, et que j’ai besoin de crier ma différence.
A.S. : Mylène, si je vous dis : « Dix Onze Douze / Pourvu qu’elles soient douces », est-ce que la Mylène de la période Pourvu qu’elles soient douces avait besoin de repasser une petite tête en 2018 ?
M.F. : En fait je me suis amusée, dans tout l’album il y a quelques… il y a Pourvu qu’elles soient douces qui renaît, il y a, je crois, Ainsi soit je… ou Ainsi soit-il, j’ai oublié. J’ai fait des petis clins d’oeil comme ça pour les personnes qui m’ont suivie depuis tant d’années.
E.G. : Dans l’album il y a aussi Au lecteur et Au lecteur, c’est vraiment incroyablement bon, incroyablement incarné. Vous rendez hommage à Baudelaire, aux Fleurs du mal. Mais, pourquoi ?
M.F. : Pourquoi ? Parce que j’ai une passion comme beaucoup d’entre nous, j’imagine, pour Baudelaire, pour sa poésie, pour sa mélancolie. Parce qu’il a une richesse, et de mots, et une capacité à vous transmettre des émotions qui sont insensées. Parce que j’adore la langue française, parce que j’adore la poésie, et puis j’avais commencé avec L’Horloge justement, il y a très très longtemps, et c’était, là encore , je ne sais pas si on appelle ça un clin d’oeil, c’est un peu réducteur mais, en tout cas, une envie de le revivre.
A.S. : Avec Histoires de fesses, vous tirez un peu sur la presse people mais…
M.F. : Si peu ! (rire)
A.S. : Oui mais, on a le sentiment quand même que la presse people… est-ce qu’elle vous a vraiment embêté ?
M.F. : Je ne la lis pas donc, je ne peux pas vous dire.
A.S. : C’est comme ça ? C’était votre envie du moment ?
M.F. : Voilà… Je sais qu’il y a effectivement des choses qui sont violentes, des photos qui sont difficiles à regarder, et c’est vrai que je n’aime pas voir ça. Je n’aime pas qu’on se nourrisse de ces choses-là. Mais, je parle surtout d’histoires de fesses dans le fond, c’est ça qui nous intéresse, non ? (rires)
A.S. : Mylène, on est très très fiers, puisque nous, RFM, on va être partenaires, non pas d’une tournée puisqu’il n’y en aura pas mais d’une série de concerts, de plusieurs shows…
M.F. : Ca c’est vrai !
A.S. : …qui auront lieu à Paris La Défense Arena, ça commence le 7 juin..
M.F. : Oui.
A.S. : Les locations ouvrent dans quelques jours, le 13 octobre. Il y a une volonté chez vous de ne pas bouger.
M.F. : C’est vrai que j’ai énormément de témoignages, entre autres, mais particulièrement de cette scène à Bercy qui était en 2006 je crois ou 2003, j’ai un problème avec les dates. Et donc, cette salle m’offre la capacité, la possibilité plutôt d’offrir un spectacle qui, je l’espère sera grandiose, en tout cas unique. Et c’est parce que c’est intransportable, et c’est parce qu’on a justement la possibilité dans ce lieu-là, et d’avoir une enceinte complètement fermée donc, on peut accrocher énormément de choses. Donc, on peut inventer énormément de choses. Et c’est vrai que malheureusement pour la province, on n’a pas toruvé de salles équivalentes. Donc, c’est vrai que je demande au public de venir à moi pour essayer de leur donner le meilleur de moi-même, et puis une magie, une poésie, j’espère.
A.S. : La dernire question, Mylène Farmer. Vous avez fait le Stade de France, c’est vous qui battez le record, vous êtes l’artiste française qu remplit en trois minutes…
M.F. : Je l’ignorais… (sourire)
A.S. : Vous avez fait des shows incroyables. Est-ce que vous n’avez jamais eu l’envie d’offrir peut-être à votre public, et on terminera avec ça, un concert intimiste, quelque chose d’acoustique, ou est-ce que vous avez besoin de l’énergie du public ?
M.F. : Je pense qu’un concert intime comme vous le suggérez est peut-être tout à fait extraordinaire. Maintenant, pour l’instant, mon souhait présent, c’est de faire encore du grand, de l’immensité mais je pense qu’on peut aussi créer tout à fait une intimité dans du très grand, dans de l’immense. Maintenant, est-ce qu’un jour j’aurai l’envie de faire quelque chose comme vous l’évoquez, de plus intimiste, peut-être ? (sourire) Je vis au jour le jour et le moment présent, et pour l’instant j’ai encore besoin de ce vertige-là.
A.S. : En tout cas, on sera très heureux de venir vous applaudir à Paris La Défense Arena. Je rappelle que c’est à partir du 7 juin. Six concerts exceptionnels. Je rappelle aux fans et à tous ceux qui veulent venir vous voir que la billetterie ouvre le samedi 13 octobre. Et Mylène, on vous remercie de nous avoir accordé du temps sur RFM. Vraiment, ça a été un honneur. Et puis, bonne chance pour l’album qui cartonne déjà, et évidemment pour le spectacle. Merci beaucoup.
M.F. : Merci. Merci infiniment. Merci à vous.
E.G. : Je suis vraiment très honorée de vous avoir rencontrée.
M.F. : C’est moi !
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